Une inquiétude grandissante
Depuis quelques semaines, un sujet mobilise parents et enseignants : quels seront les effectifs par classe dans les écoles primaires à la rentrée 2024/2025 ?
Les parents d’élèves et les enseignants de l’école Aérogare ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes concernant la rentrée prochaine. Les 10 et 11 juin derniers, une journée de mobilisation et une grève ont été organisées pour attirer l’attention des pouvoirs publics, du Conseil Départemental de l’Éducation nationale (CDEN) et des élus de Blagnac.
L’objectif de ces actions était aussi de sensibiliser les habitants de Blagnac aux conséquences de la fermeture d’une école maternelle sur les effectifs des classes et donc sur le bien-être des enfants et du personnel, exacerbées par la non-nomination d’un enseignant qui aurait pu maintenir ces effectifs stables.
Qui décide de l’ouverture / fermeture d’une classe ou d’une école ?
Si un nombre important de décisions concernant les écoles maternelles et élémentaires relèvent du rectorat, les compétences sont largement partagées avec les communes.
Afin de définir les besoins par commune et l’affectation des enseignants, différents conseils et comités départementaux sont tenus entre les mois d’octobre et de juin de l’année précédent la rentrée. Cela permet de fixer le nombre d’enseignants nécessaires et les communes d’affectation par le rectorat. (+ d’infos ici).
Quelques ajustements sont faits à la marge, en septembre, juste après la rentrée, en fonction des effectifs réels constatés.
La commune joue donc un rôle important dans la définition des besoins, en anticipant l’évolution de sa population, les infrastructures nécessaires pour se déplacer vers les écoles en fonction de la carte scolaire, et le personnel non enseignant nécessaire pour faire fonctionner ces écoles (entretien, cantine, ATSEM, etc.). Elle doit offrir un service public adapté et de qualité, fondé sur le bien-être des enfants, des enseignants et de tout le personnel.
À ce titre, la commune doit défendre auprès du rectorat une vision éclairée de la situation et des perspectives.
Le rectorat, par le DASEN (Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale), a le dernier mot sur l’ouverture ou la fermeture d’une classe à condition que cela n’entraîne pas la fermeture d’une école. Cependant, la commune peut influencer ce processus par sa politique éducative. La règle principale pour décider de la fermeture ou de l’ouverture d’une classe, voire d’une école, est basée exclusivement sur le nombre d’élèves à scolariser et les effectifs que cela représente par classe. (+ d’infos ici).
La création et l’implantation d’une école (choix de la localisation, construction, aménagement de locaux), ainsi que la suppression d’une école, relèvent uniquement d’une décision du conseil municipal. L’affectation des emplois d’enseignants correspondants relève du directeur académique des services de l’éducation nationale. (+ d’infos ici)
La fermeture de l’école maternelle Saint-Exupéry : historique et conséquences
Historique
La fermeture de l’école maternelle Saint-Exupéry semble avoir été une décision progressive, marquée par plusieurs événements notables. Initialement, des travaux de maintenance ont été identifiés, mais les efforts pour rénover ont été partiels, avec des jeux retirés sans remplacement complet et des problèmes de sol dans la cour non résolus.
En 2021, l’école a appris qu’elle perdrait une classe, une décision qui aurait pu être évitée en redistribuant quelques élèves d’autres écoles avoisinantes (Jean Moulin et Aérogare). Les discussions en juin avec la mairie pour ajuster les effectifs n’ont pas abouti, entraînant une augmentation d’effectif des autres classes de Saint Exupéry.
Lors des conseils d’école successifs des années qui suivront, des préoccupations ont été soulevées avec la mairie, concernant le ressenti de différence de traitement entre l’école Saint Exupéry et les autres écoles de Blagnac. La mairie semble avantager les groupes scolaires plus grands. Dans la continuité, certains projets de rénovation ont été repoussés ou annulés, et la gestion des effectifs a continué de poser problème, avec une baisse des effectifs et des demandes de dérogation sortante acceptées (ce qui n’était jamais le cas auparavant). Finalement, malgré une légère hausse des effectifs pour l’année scolaire 2023/2024, la fermeture de l’école a été confirmée pour la rentrée 2024/2025.
L’école ferme alors qu’au moins 3 classes sont toujours envisageables.
(Voir les notes de bas de page pour plus de détails concernant cette période de l’école Saint Exupéry.)
Conséquences
Les enfants normalement prévus pour la prochaine rentrée 2024/2025 ont donc été répartis sur 3 autres écoles maternelles, suivant une nouvelle carte scolaire.
Les maternelles Clément Ader, Jean Moulin et Aérogare recevront les enfants de Saint Exupéry. Par la suite, l’ambition est de faire en sorte que René Cassin deviennent un groupe scolaire, en absorbant Clément Ader qui fermera à terme en 2026.
Afin d’assurer une continuité, la promesse est faite que les enseignants nécessaires suivront les élèves dans les écoles pour éviter les surcharges de classe.
Mais le scénario ne se concrétise pas pour la maternelle Aérogare : une enseignante devait être transférée de Saint-Exupéry pour gérer les nouveaux flux, mais la semaine dernière, la directrice de l’école a été informée qu’il n’en serait finalement rien. Certaines classes sont prévues jusqu’à 32 élèves en PS et MS.
Pour la rentrée 2024/2025, comme l’explique l’article de la dépêche du midi, plus de la moitié des classes de la maternelle et de l’élémentaire dépasseront 28 élèves à la rentrée, ce qui a provoqué l’incompréhension puis la colère des parents d’élèves les 10 et 11 juin dernier.
La carte scolaire et les dérogations : ou comment favoriser une école plutôt qu’une autre ?
La carte scolaire est un débat national depuis plus de 20 ans, avec des partisans et des détracteurs. Aujourd’hui, elle est en vigueur, et les mairies sont chargées de l’appliquer.
Les maires et ses services disposent ainsi d’une certaine latitude pour attribuer plus ou moins d’élèves à une école en fonction des prévisions faites avant la rentrée scolaire.
L’article L212-7 indique que : “dans les communes qui ont plusieurs écoles publiques, le ressort de chacune de ces écoles est déterminé par délibération du conseil municipal”.
En pratique, cette détermination résulte de discussions entre les services du rectorat, dont le DASEN (Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale), et les élus. Les demandes de dérogations peuvent être étudiées selon des critères spécifiques et permettre ainsi d’équilibrer les effectifs entre les écoles, si cela convient aussi aux parents. Il est néanmoins essentiel d’appliquer des règles pour maintenir l’équité de la carte scolaire.
Cas de l’école maternelle Saint Exupéry de Blagnac : pourquoi la fermeture ?
Le foncier de cette école appartient à la mairie, laquelle doit en assurer l’entretien, les travaux, ainsi que la gestion des emplois non liés à l’éducation nationale.
L’éducation nationale, de son côté, fournit les enseignants en fonction des lois en vigueur et des effectifs par classe.
Si la mairie voit un moyen de limiter les dépenses et de récupérer le foncier, et si l’éducation nationale peut rationaliser les enseignants sur d’autres établissements de la commune, qui va préserver le service de proximité pour les familles et maintenir un enseignement de qualité avec des classes aux effectifs réduits ?
Le projet semble bien ficelé jusqu’à ce que l’enseignant prévu pour l’école Aérogare ne soit finalement plus attribué. Le reproche principal n’est pas la rationalisation des coûts, car ce sont nos impôts qui financent ces dépenses, mais plutôt le manque de transparence et de responsabilité de la part des décideurs.
Les habitants de Blagnac se retrouvent ainsi face à un fait accompli. Malheureusement, ce type de méthode suscite de plus en plus d’incompréhension, de rejet et de colère à l’encontre des classes politiques.
La politique éducative à Blagnac et l’état des écoles primaires
La politique éducative est-elle faite en fonction de chiffres et de montants financiers ?
Les projets sont-ils étudiés avec autant de sérieux que nécessaire ?
À la vue de l’exemple pris concernant l’école Saint Exupéry, nous avons l’impression que les conséquences ne sont pas anticipées ou, du moins, non assumées. Les projets ne semblent pas sécurisés avant d’avancer, provoquant des rebondissements subi par la ville(non affectation de l’enseignant pour Aérogare par exemple).
En regard de ces enjeux, notre avis est particulièrement clair : la politique éducative devrait se concentrer sur l’intérêt commun plutôt que sur les finances.
Et en miroir budgétaire, nous observons des choix coûteux pour notre ville : plusieurs centaines de milliers d’euros pour rénover le chapiteau du stade de rugby (500k€), 6,5 millions d’euros dans un futur tiers-lieu Les Alouettes, autour d’un million d’euros de perte avec le festival des lanternes, rénovation encore et toujours d’Odyssud avec des études qui dépassent plusieurs millions d’euros, et des travaux prévus pour la place des Arts à hauteur de 1,2 millions d’euros alors que les derniers travaux sont récents.
On se demande donc si les chiffres sont bien étudiés à Blagnac.
Ces projets sont-ils plus importants que l’éducation de nos enfants ?
Le foncier de l’école est-il envisagé pour continuer ce type de dépenses aléatoires ?
L’éducation est l’avenir de nos enfants, de notre ville et de notre pays. Elle représente le bien-vivre ensemble, car les chances de réussite passent par une école qualitative, inclusive et républicaine.
Actuellement, certaines écoles à Blagnac, comme l’école maternelle Les Prés, n’ont toujours pas l’eau chaude réparée pour doucher les enfants qui peuvent avoir besoin, rendant le quotidien pénible. Pendant longtemps il manquait les stores aux fenêtres de l’école Aérogare, ce qui rendait l’utilisation des projecteurs en classe quasiment impossible (c’est maintenant réalisé). Mais pour une école neuve, c’est difficilement compréhensible. Dans cette même école, l’esthétisme a primé sur l’efficacité thermique lors de la construction. Et des détails comme ceux-ci, ils sont nombreux dans notre ville.
Aujourd’hui, quelle est donc la priorité pour l’éducation dans notre ville ?
Une éducation à la hauteur de nos ambitions ou une simple réduction des charges ?
Les élus affichent un aplomb démesuré concernant leur politique éducative avec l’énumération des mesures périscolaires, qui certes sont de bon sens, mais masquent au final l’enjeu principale qui se base sur l’instruction. Le texte présent dans le forum N°192 page 26, le démontre grandement. Aucuns mots ou presque sur l’instruction, le nombre d’enfants par classe, la fermeture des classes et des écoles. Un pied de nez aux parents d’élèves ?
Quelle évolution dans le nombre d’enfants à Blagnac ? – prospective
Aujourd’hui, l’instruction est obligatoire dès l’âge de 3 ans sur l’ensemble du territoire national, donc bien évidemment à Blagnac. Cependant, le discours actuel des élus est étonnamment ambivalent entre les prévisions du nombre d’enfants à scolariser en regard de l’urbanisation et des projets de construction.
D’un côté, les projections du nombre d’enfants sur la commune sont présentées à la baisse sous prétexte qu’il n’y aurait pas de programmes immobiliers impactants, argument principal utilisé pour fermer les classes et les écoles (voir image venant des services de la mairie).
De l’autre, on apprend par voie de presse que 72 % des 90 000 futurs logements d’ici 2035 seront répartis dans les grands pôles urbains comme Toulouse, Colomiers et Blagnac. (lien vers l’article)
Blagnac connaît donc d’importants projets de construction, avec par exemple une tour de 16 étages et de nombreux projets à venir ou déjà réalisés. La dernière réunion publique au conservatoire l’a bien exposée.
Ces logements ne sont-ils pas à destination de familles avec enfants ?
Serions-nous face à une multiplication d’appartements T2 ?
Quels objectifs a la ville de Blagnac pour construire sans école ?
La question se pose, alors que de nombreuses familles avec enfants peinent à trouver un logement adapté à leur situation. Certes, les T2 sont plus intéressants fiscalement et nécessitent moins d’investissement dans la ville pour des infrastructures comme les écoles. Mais ce sont des habitants “de passage” peu enclins à s’investir dans la vie locale.
Les choix de programmes immobiliers influencent la nature de la population.
L’éducation, une priorité pour le bien-vivre ensemble
L’éducation est le socle de notre société. Elle constitue l’apprentissage de nos règles de vie commune et des valeurs républicaines. Grâce à l’instruction, chacun peut participer activement à la vie en société.
La qualité de l’enseignement ne se résume pas au simple transfert de connaissances théoriques d’un enseignant à un élève. C’est l’ensemble de la sphère éducative qui est essentiel pour créer un environnement stable et qualitatif, propice à l’instruction et à la construction de la société.
Bien sûr, l’école ne fait pas tout. De nombreux facteurs extérieurs influencent un enfant, dans un sens ou dans l’autre. Cependant, l’école est une zone de création d’équilibre qui doit offrir le maximum de chances à chacun. Elle doit favoriser la mixité, permettre à chacun de connaître son voisin et créer un lieu d’échange entre les parents, formant ainsi un tissu social indispensable. Dans ce cadre, la proximité de l’école par rapport au lieu d’habitation est particulièrement importante, car beaucoup de parents ne peuvent se déplacer autrement qu’à pied.
Un meilleur cadre scolaire apporte des enfants apaisés, plus enclins à comprendre le sens des valeurs et à saisir rapidement les opportunités que l’école peut offrir à tous, quel que soit leur milieu social. Le travail de chaque élève doit se dérouler dans les meilleures conditions possibles pour les stimuler positivement et bâtir une société qui vivra mieux ensemble.
Notes : Détail de l’historique de l’école Saint Exupéry – extrait des procès verbaux de conseils d’école de la maternelle, entre 2020 et 2024.
Au conseil d’école du 05/11/2020, plusieurs points travaux avaient été évoqués, et notamment :
- structure de jeu en mauvaise état à remplacer,
- problème au niveau du sol autour de l’arbre.
La mairie a retiré les jeux, nécessaires pour garantir la sécurité des enfants, et l’étude de ragréage de sol était en cours. Cette école comptait alors 85 enfants au total. Le projet était pour la structure de jeu d’installer celle qui était présente dans l’ancienne école Aérogare. Dès lors que les éléments sont en bon état, il est bien de réutiliser ce qui peut l’être.
Le 27 avril 2021, l’équipe éducative apprend par hasard que l’école allait perdre une classe à la rentrée 2021/2022, malgré ce qui avait été annoncé en commission paritaire (CAPD) tenue en février au rectorat. La direction de l’école rappelle que c’est à la mairie de d’affecter le nombre d’élèves suffisant pour conserver les classes et éviter les fermetures. Il manque 8 à 9 élèves pour maintenir la classe.
Le 28 avril 2021, il est demandé à la mairie s’il ne serait pas possible d’affecter quelques élèves des écoles maternelles Jean-Moulin et Aérogare vers Saint-Exupéry, si des familles n’ont pas de contraintes particulières. Il reste encore du temps pour s’organiser d’ici septembre si c’était possible. En effet, les effectifs combinés d’Aérogare et de Jean Moulin pourraient permettre de rester au-dessus du nombre nécessaire par classe et affecter les quelques élèves manquant pour conserver la PS de St Exupéry. Il y aurait eu une moyenne de 25,2 à Aérogare et 24,5 à Jean Moulin, permettant de sauver la classe de St Exupéry. Il y aurait un meilleur rééquilibrage des effectifs, un cadre plus agréable pour les enseignants et les enfants.
Entre les 7 juin et 10 juin 2021, plusieurs échanges entre la mairie et l’école n’ont pas abouti à conserver le nombre d’enfants nécessaires. La sectorisation de l’école Saint Exupéry récupérée par l’équipe enseignante présente une taille plus petite que les autres écoles.
À la rentrée 2021/2022, au premier conseil d’école le 05/10/2021, il est constaté que la fermeture de la classe alourdit les effectifs par classe, faisant des classes de 25 à 28 élèves. Il y a 77 élèves dans l’école à cette rentrée scolaire.
Plusieurs points travaux sont évoqués :
- Brise vue pour la sécurité des enfants lorsqu’ils sont dans la cour,
- La structure de jeu,
- Des détecteurs de CO² comme il se fait dans les autres écoles.
Le brise vue sera étudié, la structure de jeu n’est plus trop prioritaire et considéré comme trop cher (où sont les anciens jeux Aérogare ?), des petits jeux extérieurs seront étudiés, et il n’y aura pas de détecteurs de CO².
Une sensation d’écart de prise en charge et de considération est ressentie par l’équipe enseignante.
Et pour cause, la mairie (donc les élus) commence à évoquer le fait qu’ils souhaitent favoriser les groupes scolaires.
Le projet de végétalisation de la cour et de réparation sont repoussés.
Au troisième conseil d’école 2021/2022, en mai 2022, il est annoncé que les effectifs resteront stables pour 2022/2023 : 28 PS, 24 MS, 26 GS. Plusieurs familles attendent une réponse à leur demande de dérogation sortante, d’habitude aucune demande sortante n’est acceptée.
Rentrée 2022/2023, premier conseil d’école en Octobre 2022
73 élèves pour cette rentrée. les effectifs réels sont 2 classes de 24 élèves et 1 classe de 25 élèves. Les dérogations sortantes ont toutes été acceptées. Il y a une baisse des effectifs. La directrice perd sa décharge suite à cette baisse d’effectif.
Des questions à nouveau sur les travaux sont posées à la mairie. La structure de jeu ne sera pas installée, des petits jeux sont prévus (balance crocodile, etc.). Le retrait de la structure entraîne une fermeture d’une partie de la cour.
Troisième conseil d’école 2022/2023, le 16 mai 2023
Les effectifs prévisionnels pour la rentrée 2023/2024 sont les suivants : 26 PS, 31 MS, 28 GS. Il y a donc une légère hausse.
La décision de fermer l’école est néanmoins maintenue pour la rentrée 2024/2025 à venir.