Article en collaboration avec des élus du conseil municipal.
Un arrangement des chiffres dans le dernier journal municipal Forum
Dans le journal municipal Forum n°194 de novembre 2024, page 14, nous avons été surpris par la présentation des chiffres relatifs à la fiscalité de Blagnac.
Le maire de Blagnac, Joseph Carles, y compare les taux d’imposition de notre commune à ceux des autres communes de la Haute-Garonne et de Toulouse Métropole (lien vers le journal). Cependant, ces chiffres, affichés comme des vérités, s’avèrent inexacts ou délibérément orientés. Cette présentation semble destinée à minimiser le fait que Blagnac figure parmi les communes où le taux de la taxe foncière sur le bâti est l’un des plus élevés, tant en Haute-Garonne qu’au sein de Toulouse Métropole.
Une inexactitude flagrante : les taux moyens en Haute-Garonne
Selon M. le maire, le taux moyen du foncier bâti des communes de la Haute-Garonne serait de 50,07%. Pourtant, les chiffres officiels disponibles sur le site de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) montrent que ce taux est en réalité de 34,72% (moyenne des 585 communes du département). Cette différence est énorme et ne peut être ignorée.
Sources – Recensement des éléments d’imposition (REI) : Source des chiffres – DGFiP – Accès direct au tableau Excel de la DGFiP
Avec un taux de 51 %, Blagnac se distingue comme l’une des communes les plus taxées du département en matière de foncier bâti. Ce taux place notre ville 14e sur 585 communes de la Haute-Garonne et 3e sur 37 communes de Toulouse Métropole, juste derrière Saint-Jory et Launaguet. Pourtant, ce classement, qui souligne la forte pression fiscale pesant sur les Blagnacais, est totalement passé sous silence dans le journal municipal.
Sur le foncier non bâti, le journal annonce une moyenne départementale de 96,19%, alors qu’elle est de 72,56%. Pour la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, le taux moyen annoncé est de 30,04%, alors qu’il est en réalité de 11,07%. Ces écarts montrent un manque de rigueur ou une volonté délibérée de masquer la réalité.
Nous avons compilé les données dans un tableau – Lien vers notre tableau – Source
Une méthode de calcul arrangeante
Dans le journal, il est affirmé que Blagnac se situe à la “19e place sur les 37 communes de Toulouse Métropole pour la pression fiscale portant sur le produit fiscal perçu par la commune”. Ce classement repose sur une méthode discutable : il s’agit de calculer une moyenne simple des trois taux (foncier bâti, foncier non bâti, et taxe d’habitation sur les résidences secondaires).
Cette méthode permet d’arranger avantageusement le classement, car elle ignore complètement le poids réel de chaque taxe dans les revenus fiscaux de la commune.
Quelques chiffres pour l’expliquer :
- En 2025, Blagnac devrait percevoir environ 25,7 millions d’euros de recettes fiscales sur les locaux d’habitation (nous excluons volontairement les montants de bâti locaux professionnels et ceux des établissements industriels) :
- 99,28% de ces recettes proviennent du foncier bâti (25,52 M€).
- 0,18% proviennent du foncier non bâti (47 k€).
- 0,53% proviennent de la taxe sur les résidences secondaires (137 k€).
Le foncier bâti représente l’écrasante majorité des recettes fiscales, ce qui signifie que son taux (51%) est celui qui impacte directement la plupart des habitants. En revanche, les taux sur le foncier non bâti et les résidences secondaires ont un effet négligeable, car il ne représente même pas 1% du produit fiscal annuel sur les locaux d’habitation.
En tenant compte de ces pondérations, la moyenne réelle des taux d’imposition à Blagnac est de 50,82% (et non de 46,39%, comme le calcul simpliste du journal le suggère).
Comment visualiser une pondération ?
Imaginez que vous avez trois sachets de bonbons : un gros sachet contenant 100 bonbons très sucrés, un sachet moyen avec 10 bonbons moyennement sucrés, et un petit sachet avec 1 seul bonbon légèrement sucré. Si vous faites une moyenne simple des goûts en disant que vous ne prenez que les 3 sachets pour faire une moyenne, vous ne tenez pas compte du fait que le gros sachet, avec ses 100 bonbons, pèse beaucoup plus dans l’ensemble. Pour être juste, il faut donner plus d’importance au gros sachet dans le calcul.
Avec ces taxes, c’est exactement pareil : il faut prendre en compte les montants réellement perçus pour chaque type de taxe, car certaines représentent quasiment tout, alors que d’autres ne comptent presque pas. C’est pour cela qu’une moyenne pondérée, qui attribue un poids différent à chaque élément, donne un résultat plus réaliste et pertinent.
M. le maire de formation comptable devrait savoir cela. Nous nous interrogeons donc sur la pertinence de donner ces chiffres, ces taux, ces classements.
Une comparaison biaisée
Le calcul utilisé par le journal Forum pour établir ce classement fausse totalement la réalité :
- Des communes comme Fonbeauzard (une des communes de Toulouse Métropole), avec un taux sur le foncier bâti beaucoup plus bas (40,87%), se retrouvent artificiellement placées devant Blagnac (3e position contre 19e) lorsqu’on utilise la méthode erronée du journal Forum,
- Le classement du journal ne prend pas en compte la spécificité de chaque commune ni la répartition réelle des recettes fiscales.
Si une analyse complète et rigoureuse était menée pour toutes les communes de la métropole en pondérant les taux par leur poids fiscal réel, Blagnac resterait très probablement dans les premières positions pour la pression fiscale, proche du trio de tête.
Pourquoi ces approximations ?
Pourquoi ces approximations et omissions dans les chiffres présentés ? Nous voyons là une volonté de minimiser la sensation fiscale auprès des habitants de Blagnac, dans un contexte où les finances de la ville se dégradent, comme nous l’avons souligné dans un précédent article sur l’état économique de Blagnac – lien de l’article.
Depuis quelques années, les projets se multiplient, souvent mal anticipés, générant des rallonges budgétaires et aggravant la situation financière de la commune. Parallèlement, la pression fiscale sur les habitants s’accroît, notamment avec l’augmentation du taux de foncier bâti de 49,5% à 51% entre 2022 et 2023, comme nous en parlions également ici – Lien de l’article.
Nous constatons deux choses :
- Les caisses de la commune se vident, faute de vision à long terme.
- Les élus de la majorité tentent de convaincre les habitants qu’ils ne sont pas plus taxés que d’autres, ce qui est faux.
Un discours de vérité nécessaire
La majorité des habitants sont concernés par le taux de foncier bâti, car il représente plus de 99% des recettes fiscales. Les autres taux, qui n’impactent qu’une minorité de contribuables, ne peuvent servir à masquer la réalité d’une fiscalité élevée à Blagnac.
Nous, Avenir Blagnac, souhaitons rétablir la vérité. Blagnac est l’une des villes les plus taxées de la Haute-Garonne et de Toulouse Métropole.
Nous sommes convaincus que la manipulation des chiffres porte atteinte à la crédibilité de la classe politique dans son ensemble. Dans un contexte où la défiance des citoyens est particulièrement élevée, il est plus que jamais essentiel d’adopter un discours de vérité. Cela passe par des faits précis, des chiffres vérifiables et des explications claires. C’est cette démarche de transparence et de rigueur qui guide notre action pour Blagnac et qui continuera de le faire.
Une ville à préserver
Nous ne comprenons pas la volonté de masquer la réalité en présentant des chiffres inexacts, ne faisant qu’accentuer la défiance envers la classe politique. Les données sont disponibles et vérifiables par tous. Si les élus de la majorité choisissent d’arranger les chiffres pour les rendre plus favorables, que devons-nous penser du reste de leur gestion ?
Il est vrai que les taxes à Blagnac sont plus élevées que dans beaucoup d’autres communes. Mais cette fiscalité permet aussi de garantir une qualité de vie que de nombreuses villes nous envient : des services publics performants, des ALAE (Accueils de Loisirs Associés à l’École) de grande qualité pour nos enfants, une politique jeunesse ambitieuse, un véritable accompagnement de nos aînés, ainsi qu’une politique sociale forte et solidaire. Ces atouts contribuent à faire de Blagnac une ville où il fait bon vivre, et nous nous engageons à défendre ces acquis essentiels pour tous les habitants.
Cependant, ces points positifs ne doivent pas servir d’excuse pour dissimuler une fiscalité élevée ou des choix de gestion qui mettent en péril l’avenir de notre commune. La transparence est indispensable pour garantir la confiance des citoyens.
Avenir Blagnac continuera à porter un discours de vérité, fondé sur des faits, pour défendre les intérêts des Blagnacais et des Blagnacaises. Nous refusons que des chiffres arrangés ou imprécis servent à masquer une gestion économique inquiétante. Blagnac mérite mieux.